Le Mirazur – Menton
Les mises en bouche donnent tout de suite le ton du repas : subtilité, épure, poésie.
Pour le vin, le très sympathique sommelier nous fait découvrir un excellent vin de la région, le Château Malherbe, Cuvée Pointe du Diable.
Le repas commence très fort, avec une entrée graphique et originale tout en contrastes : rose et vert, iodé et herbacé, mousseux et croquant… pour un ensemble raffiné et savoureux.
La salade de tomates était excellente, avec des tomates du jardin à la maturité parfaite et quelques touches délicates d’herbes et de fruits, mais quelque peu en-deçà à mon avis car elle met moins en valeur la créativité et la maîtrise technique du chef : on reste malgré tout bien loin du gargouillou de Michel Bras.
On repart fort heureusement tout de suite dans les étoiles, avec un plat tout bonnement époustouflant de maîtrise et d’originalité : l’espadon, dont la cuisson m’a laissée incrédule tant il était moelleux et fondant, sublimé par la réglisse subtilement dosée, et un condiment à l’ail noir qui apporte relief et gourmandise. Les saveurs se répondent et s’accordent merveilleusement.
Encore un plat virtuose de justesse et de précision, aussi réussi sur le plan gustatif que visuel. L’acidulé des prunes, décliné en différentes textures et couleurs, répond merveilleusement au canard, et le shiso rouge apporte une saveur épicée et lointaine inédite.
Ce premier dessert est une ode à la figue : le granité à la feuille de figuier, bluffant, nous transporte immédiatement dans l’ombre délicieuse d’un figuier en plein été, et les sensations gustatives s’enchainent ensuite avec le fruit bien mûr dans lequel on croque et le lait de figuier, en panna cotta, qui apporte de la douceur.
Le Naranjo en flor, dessert « signature » du chef, dont le nom rend homage à un célèbre tango, me laissera un souvenir inoubliable : le parfum suave et intense du crémeux au safran de Sospel raisonne magistralement avec l’espuma d’amandes et le sorbet à l’orange. Tout y est : des dosages parfaits, un superbe jeu sur les textures et les températures, des saveurs sublimées ; un véritable chef d’oeuvre.
Un petit bémol sur les mignardises, qui, à vouloir jouer la carte de l’épure et des légumes sucrés, manquent à mon sens quelque peu de relief et de générosité – mais, avouons-le, nous sommes plus que repus.
Cette dernière note n’entache en rien l’excellence du repas que nous avons eu la chance de déguster au Mirazur. Nous y avons goûté une cuisine impressionnante de sobriété et de maîtrise, épurée et évidente : aucun doute, le talentueux Mauro Colagreco a encore une belle carrière de cuisinier devant lui.
06500 Menton
04 92 41 86 86