Encore ? Non merci !

Après avoir lu plusieurs critiques présentant « Encore » comme le nouveau hot spot de la gastronomie parisienne, c’est impatients et plein d’espoir que nous nous sommes engagés dans la rue Richer ce midi-là, passant sans broncher devant l’excellent Kiku – et son annexe, « simplement Kiku » et ses délicieux bentos du midi à moins de 15€  – pour aller nous attabler à quelques mètres de là, dans une grande salle claire, tons neutres et béton ciré, afin de goûter à la cuisine française du japonais Yoshi Morie, passé notamment par les cuisines de Vivant et du Petit Verdot.

La formule du midi est à 25€ euros pour entrée/plat ou plat/dessert, et 30€ pour le trio entrée/plat/dessert, avec deux propositions au choix dans chaque catégorie.

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Pour commencer, j’opte pour le pot au feu de navets et « consoude », une herbe que l’on nous présente comme ayant un goût très proche de celui de l’huitre : une entrée joliment graphique et colorée, mais qui se résume à quelques morceaux de navets cru-cuits (et plus crus que cuits), dans un bouillon clair avec cette fameuse herbe dont le goût est surement chlorophyllé, mais franchement pas très iodé.

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Dans l’assiette en face de moi, le « thon blanc fumé au foin et fleuve, fenouil, aneth » est nettement plus convaincant : le poisson est moelleux, délicatement fumé, et les saveurs anisées l’accompagnent à merveille. Seul regret : cette délicieuse entrée se termine en trois coups de fourchette… on en aurait bien mangé Encore un peu.

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On continue avec le « Lieu jaune, brocolis et trompettes de la mort », a sans aucun doute subi un accident de cuisson : sur les deux petits morceaux de poisson, l’un est beaucoup trop cuit (la peau en est même indécoupable tellement elle a frit), et les herbes, champignons et pommes de terre qui l’accompagnent semblent tous sortir d’un bain d’huile bouillante, ce qui les rend insipides, enfin, une fois que l’on arrive à les goûter après s’être brulé la langue…

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La « bavette, céleri rave et muscade », surmontée elle aussi de la même branche d’herbe folle, n’a pour tout accompagnement qu’une fine lamelle de céleri : un peu léger comme garniture, même s’il n’y a que deux petits morceaux de viande au fond de cette grande assiette. Heureusement que le pain est bon : nous avons mangé toute la corbeille, puisque nous avions Encore faim. La serveuse vient nous proposer un dessert à base de poire « tout en légèreté » (tiens, il n’y a plus qu’un seul choix pour le dessert ?). Euh, non merci, nous rêvons plutôt d’un Saint Honoré ou d’un Paris Brest, enfin, d’un peu de générosité…

Alors certes, la viande, excellente, vient de chez Machin, les légumes de chez Truc et le poisson de chez Bidule, tous célèbres producteurs de très beaux produits ; mais suffit-il pour autant de servir ces beaux produits en portions minimalistes, avec trois brins d’herbes aux noms étranges et deux lamelles de navets, pour que l’on crie au génie ?

A tout cela s’ajoute un service plutôt désinvolte et des prix vraiment excessifs (50 et 75 euros pour les menus du soir !), et l’on se dit que l’on est Encore dans l’un de ces restaurants qui surfent sur la tendance du moment (beaux produits non pas mariés mais seulement juxtaposés, assiettes couvertes d’herbes et de fleurs), à ceci près que le rapport qualité/quantité/prix n’est vraiment pas acceptable. « Encore, cuisine d’amis » dit la carte de visite que l’on nous donne avec l’addition (66€ pour deux : entrée, plat et un verre de vin chacun)… certainement pas à prix d’ami!

Peut être s’agissait-il d’un accident de parcours ce midi-là, mais nous sommes repartis en pensant aux menus du midi d’Abri (22€, 2 entrées, plat, dessert), de la Gazzetta (17€, 3 petites entrées et un plat) ou du Baratin (formule entrée, plat, dessert à 18€ pour l’un des meilleurs bistrots de Paris), tous testés de nombreuses fois, et d’où l’on sort toujours heureux et rassasiés.

Encore, « cuisine d’amis »
43 rue Richer
75009 Paris
Tél.  01 72 60 97 72

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